J’ai remarqué aussi que parfois, je veux juste faire plaisir et répondre tout de suite aux demandes car j’ai besoin qu’on voie qu’on peut compter sur moi. Ça me piège, je ne prends pas de distance avant de répondre à une demande, c’est ‘oui’ d’emblée et moi, je passe après les autres. Je suis menée inconsciemment par « Je veux leur prouver qu’on peut compter sur moi ».

Une autre voix est plus aidante, elle me dit : « Prends ton temps, ça vaut la peine ». Dans ce cas-là , je prends bien conscience que ça n’est pas bon pour moi si je me fais passer après tout le reste : je suis frustrée de ne pas m’occuper de moi, de passer toujours après, je ne me respecte pas. Après tout, j’ai le droit d’avoir besoin de respirer, j’ai le droit d’avoir besoin de calme, et puis j’ai tellement donné parfois que j’ai besoin de digérer mes (sur)investissements. Je ne suis pas obligée de m’astreindre à une ultra-performance. J’ai besoin de repos, j’ai besoin de digérer avant de repartir dans l’action, c’est normal !  

En plus, prendre mon temps me permet de goûter à la vie qui s’offre à moi, quand je me repose mais aussi quand je suis dans l’interaction : en prenant mon temps pour vivre les relations par exemple, je peux vraiment écouter ce que les autres ont à me dire, je peux vraiment recevoir ce qui m’est donné. Lorsque je ralentis, je peux aussi voir les couleurs qui se dessinent dans le ciel, cet oiseau qui vole ou cet insecte présent devant moi : c’est lorsque je ralentis que je prends conscience que je fais partie du grand ensemble de tout ce qui vit sur terre et que je me resitue dans ma réalité humaine, membre de la communauté du vivant. 

C’est aussi en prenant mon temps que je peux vivre ma vérité et mon authenticité. J’ai besoin de prendre le temps d’accueillir ce que je ressens avant de prendre la parole ou de m’engager dans une action. En fait, j’ai besoin de prendre mon temps pour agir en fidélité à moi-même ! 

C’est à force d’être revenue de plus en plus sur les bienfaits pour ma vie de ce « temps pris » que j’ai pu m’autoriser à m’arrêter de temps en temps. A force de savourer le travail fait avant de repartir vers autre chose, de me poser dans l’instant, dans les relations, les rencontres, d’écouter vraiment, de partager vraiment ce qui m’habite. 

J’apprends encore chaque jour à cultiver la lenteur pour être à ce que je fais, pour agir en conscience de ce que je sens juste et ne pas me laisser mener par la voix tyrannique, pour vivre les rencontres pleinement, pour me sentir pleinement vivante, reliée à la vie en moi et autour de moi. 

Et vous, quelle est votre relation au temps ? 

Karine Gantois, formatrice agréée PRH